dimanche 12 février 2006

Odile du Mazaubrun



La joie d'être

Ce qui surprend le premier regard, c'est la diversité des formes et des techniques. Tableaux, bandes dessinées, poupées votives, travail en volume… Les œuvres sont suspendues à des tiges d'acier, posées sur des supports instables, détachées des murs par de minces baguettes ou des fils de fer. Chaque thème est l'occasion d'inventions formelles surprenantes, de mises en espace et en lumière inattendues.

Mais plus fascinantes encore sont la simplification et la justesse des attitudes. Quelle que soit la richesse du dispositif, les formes sont travaillées, polies, simplifiées à l'extrême. Pourtant il ne s'agit pas transmettre l'essence d'une attitude ou d'une situation. L'artiste ne dédaigne pas l'anecdote. Il s'agit de libérer la scène de tout ce qui ne procède pas du regard de l'artiste. Créer une situation où la forme, le lieu, l'attitude ou l'anecdote représentées emplissent totalement la perception.

Nous ne sommes pas dans une logique de représentation, mais de transmission. Dans une mise en situation aussi sophistiquée qu'économe, l'artiste nous fait partager les conditions de sa propre perception afin de nous transmettre la totalité de son émerveillement face à une attitude, une lumière, une couleur.

Quelques fragments de plastique et de couleurs suffisent à nous retransmettre l'intégralité d'un instant de stupéfaction, à restituer un sentiment d'étrangeté absolue face à une scène apparemment ordinaire, à transmettre l'essence d'un regard interrogateur du quotidien.

Bruno Puyraimond